Régulièrement, des cimetières sont dégradés, profanés ou vandalisés en France. C’est le plus souvent le fait de jeunes qui s’ennuient et qui veulent agir, mais depuis l’affaire Carpentras en 1990, la profanation est devenue un outil politique.
D’abord, revenons sur les mots, le droit, et leur définition politique. Le sociologue Arnaud Esquerre répond au Point :
À partir du XIXe siècle, et tout au long du XXe jusqu’aux années 1990, on n’utilisait plus le terme de profanation dans le domaine juridique. L’expression employée était la « violation de sépulture ». Elle désignait une dégradation par définition matérielle et volontaire, soulignant l’intention dans le geste. Mais, dans les années 1990, la profanation du cimetière juif de Carpentras a déclenché un vif débat. Cet événement a beaucoup mobilisé la population : le Front national et plus généralement l’extrême droite ont été accusés d’avoir créé un climat propice à ces profanations. Le caractère antisémite de cette dégradation ne faisait aucun doute. C’est après cette affaire qu’apparaît le terme de profanation dans le Code pénal. Donc, aujourd’hui, nous disposons de deux qualifications : d’une part la violation de sépulture (dégradation de matériel) et d’autre part la profanation. La profanation est un acte expressif, et peut être commise sur un monument où le mort n’est physiquement pas présent (comme une stèle, un monument aux morts…). La violation de sépulture implique la présence d’un corps mort et désigne une destruction matérielle.
Pour information, la profanation du cimetière juif de Carpentras a probablement été un coup des services ou du pouvoir profond au profit du pouvoir visible. Il s’agissait pour le Parti socialiste, alors en chute libre dans l’opinion après sa trahison de la gauche sociale, de s’appuyer sur l’antilepénisme pour remonter dans les sondages. Pour la première fois en France, le président de la République participera à une manifestation. Poussé par le lobby sioniste ou pas, François Mitterrand récupérera l’émotion populaire à son compte. On citera, pour montrer l’ambiance de l’époque, l’agent sioniste international Serge Klarsfeld :
« Le Pen a dit hier soir qu’il y avait trop de Juifs dans la presse. Certains à sa droite ont traduit qu’il y a trop de Juifs dans les cimetières. »
Jean-Marie Le Pen répliquera à cet assaut massif du pouvoir visible et du pouvoir profond contre le Front national par la mise en cause du SAC (Service d’action civique, malgré sa dissolution officielle) et de Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur, mais surtout à la croisée de tous les réseaux occultes. Pour la petite histoire, quatre militants « néonazis » seront condamnés. L’opération ne profitera pas longtemps au PS mais sera la rampe de lancement des opérations de manipulation de masse en France.
Voici la conclusion de l’enquête et les condamnations, résumées par Wikipédia :
Le 30 juillet 1996, un certain Yannick Garnier, 26 ans, se présente de lui-même au siège des Renseignements généraux d’Avignon, et avoue être l’un des profanateurs, donnant des détails que seuls les enquêteurs connaissent. Cet agent de sécurité à Nîmes dit ressentir le besoin de se libérer de ce secret pour changer de vie alors qu’il est au bout du rouleau, au chômage et sur le point d’être expulsé, croyant sans doute avec ses aveux obtenir l’aide des RG, service disposant de précieuses relations, dans sa recherche d’emploi. Ses aveux confirment qu’il s’agissait bien d’un acte antisémite scrupuleusement préparé par des néonazis. Il dénonce ses quatre complices et ceux-ci sont arrêtés aussitôt, sauf l’un d’entre eux, le meneur, Jean-Claude Gos — qui avait été interpellé dès le 11 mai 199027 et relâché après 24 heures —, skinhead originaire de Denain (1966-1993) et membre du PNFE. Jean-Claude Gos a été tué le 23 décembre 1993 à moto sur une route de la grande banlieue d’Avignon, par une voiture dont le conducteur (Rachid Belkir, 36 ans) sera retrouvé mort en 1995, tué de deux balles dans le torse et plongé dans le Rhône (probablement victime d’un règlement de comptes, l’homme étant connu des services de police pour ses liens supposés avec des trafiquants de drogue), deux lourdes pierres attachées aux pieds.
Aucun lien n’a été établi entre les coupables et le Front national. Les dirigeants locaux du FN, Guy Macary et Fernand Teboul, faisaient eux-mêmes partie de la communauté juive, ce qui ne pouvait que déplaire aux néonazis.
Le procès débute huit mois plus tard à Marseille, dure une semaine, et le verdict est rendu le 24 avril 1997. Patrick Laonegro, le « cerveau » du commando de profanateurs, et Olivier Fimbry, un ancien militaire, sont condamnés à deux ans de prison ferme, tandis que les deux autres profanateurs, qui ont « admis et intégré le caractère odieux de leurs actes », sont condamnés à vingt mois de prison ferme.
Maintenant, passons à la profanation de la semaine. C’est le maire de Fontainebleau qui a diffusé les photos du délit :
#Fontainebleau. Je suis scandalisé et écœuré par la découverte, ce matin, de très nombreuses tombes profanées par des croix gammées. Des actes abjects et répugnants contre lesquels je vais déposer plainte. Jamais notre cimetière n'avait été la cible de tels crimes pic.twitter.com/Fm02RvWptm
— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) December 28, 2020
Aussitôt, l’AJC (la version française de l’American jewish committee) réagit :
« Une soixantaine de tombes taguées de croix gammées dans le cimetière de #Fontainebleau, la marque sinistre du #nazisme, de l’#antisemitisme. L’enquête en cours doit permettre de qualifier les actes et de juger leurs auteurs en conséquence, au plus vite. #zerotolerance »
Rien que de très naturel, quand on connaît la nature de l’AJC et des associations communautaires juives, qui réagissent au moindre mouvement prétendument antisémite, ou qui relient le moindre fait divers (qui touche un Français de confession juive) à l’antisémitisme. Mais là où le drame de cette profanation verse dans la farce, c’est quand l’agent socialo-sioniste antiraciste et féministe Audrey Pulvar se mêle à la mécanique indignatoire :
Ce sont des tombes chrétiennes. J’y verrais donc a priori davantage de l’anti christianisme. https://t.co/ojaAKTQgx7
— G-William Goldnadel (@GWGoldnadel) December 28, 2020
La bien-pensante est justement reprise de volée par le national-sioniste Goldnadel, qui sait à merveille exploiter les failles du camp adverse. Idem pour Valeurs actuelles, le vecteur du changement de paradigme politique dominant (du socialo-sionisme au national-sionisme) :
Comme souvent sur les réseaux sociaux, les internautes s’en sont donnés à cœur joie pour lui répondre la qualifiant « d’hypocrite », de « déjantée qui a perdu son âme identitaire » ou soulignant sa « nullité ». Une femme s’emporte : « Ce sont des tombes chrétiennes mais ce n’est pas grave, on a l’habitude de compter moins que toutes les autres minorités ». D’autres ironisent : « Elle a fait un copier/coller depuis son lit », remettant en cause par ailleurs son niveau de compétence. « Ça condamne, ça commente mais ça ne sait même pas de quoi ça parle ». Un internaute lui fait remarquer qu’elle est devenue une « journaliste mal informée ». Dans un autre registre, un soutien de Jean-Luc Mélenchon lui demande même « d’arrêter de faire de la récupération politique de bas étage ».
Madame Pulvar, qui coche pourtant toutes les bonnes cases (elle joue la carte Hidalgo aux prochaines présidentielles), a voulu être plus philosémite que le roi des juifs. Mal lui en a pris. Dans cette affaire, ce qu’il faut retenir, c’est l’automaticité de la dénonciation et de l’indignation, une mécanique qui mène souvent à des erreurs, surtout dans un monde politique miné par les manipulations en tout genre.
La question
- Est-ce son invitation au dîner du CRIF qui a tourneboulé la tête d’Audrey ?
Pulvar pulvérisée sur Twitter
« Une chose est certaine, le bon sens et l’esprit critique de Audrey Pulvar ont été profanés...
Et toujours ce signe distinctif de la photo de l’avatar portant le masque ou autre subterfuge pour se donner bonne conscience. »« Son idéologie est tellement imprégnée qu’elle ne voit pas que ce sont des tombes chrétiennes qui ont été vandalisées...
Alors que les tombes juives à côté ne l’ont pas été
Même le plus mauvais journaliste s’interrogerait...
Seulement elle est en campagne à la pêche aux voix »« Il s’agit d’anticatholicisme ! Ca vous choque autant, A.#Pulvar ?! Toutes les églises détruites, vandalisées, brûlées l’an dernier aussi ! »
« L’article précise que le cimetière juif situé à côté n’a lui pas été vandalisé. Il est vrai que la rigueur n’a jamais été le fort d’Audrey Pulvar qui écrit comme elle parle, à tort et à travers. Toujours se méfier du réflexe conditionné.., »
« Ou alors, sans réfléchir, ils se sont dirigés vers le cimetière à l’extrême droite. »
« Elle est déjantée, perdue dans son problème identitaire. »